Friday 17 November 2006

La victoire de Ségolène

Elle a gagné ! Elle a défait deux éléphants, malgré les chausse-trappes et les coups bas. Popularité médiatique, des coups de canif contre l'idéologie du Parti, des propos inattendus, une femme, enfin, qui prétend à la magistrature suprême, une femme à convictions, dure et sûre d'elle-même. Enfin une petite éclaircie dans le climat morose de la politique intérieure française.
Pour moi, DSK était le candidat le plus compétent, et, enfin, essayait de transformer le vieux Parti sclérosé en parti social-démocrate, c'est-à-dire un parti de réforme progressive, comme la plupart des partis socialistes européens, et même les anciens partis communistes en dehors de la France. Ségolène le suivra peut-être sur cette voie, quand elle aura sa pleine liberté d'expression. DSK, premier ministre de Ségolène, pourquoi pas ?
La défaite de Fabius est la bienvenue, les socialistes eux-mêmes n'ont pas accepté sa conversion tardive et démagogique de dirigeant bourgeois libéral en gauchiste révolutionnaire. Sa dissidence du Parti socialiste pour casser l'Europe m'a particulièrement choqué. La France et l'Europe mettront des mois et peut-être des années à se remettre du "non" français, dont il est en partie responsable. Après la nouvelle de la victoire de Ségolène hier soir, Paul Quilès, un de ses partisans, a essayé de remettre en marche la "machine à perdre": accepter sa victoire peut-être, mais la surveiller de près pour qu'elle garde la route bien à gauche. Fabius et Quilès ne savent donc pas que les élections se gagnent au centre, et qu'il n'y a pas de majorité de gauche en France, sauf exception. Aux Etats-Unis, les democrates ont gagné en se rapprochant du centre, et en limitant les positions excessives.
Je ne suis pas totalement convaincu par Ségolène et j'attends des propositions plus claires. Re-nationaliser industries et banques serait catastrophique, élargir les 35 heures, qui ont déjà affaibli l'économie française, également. Je n'ai pas aimé son soutien à José Bové, qui massacre illégalement des moissons en ignorant royalement les connaissances scientifiques et l'expérience de nombreuses populations qui bénéficient des plantations OGM.
J'espère qu'elle pourra trouver de nouvelles idées pour relancer l'Europe, en accord avec d'autre Etats membres.
Certaines idées de Sarkosy me plaisent, en particulier la discrimination positive (ou action positive) en faveur des minorités dites visibles, donc d'origine africaine, maghrébine ou asiatiques, pour les aider à trouver du travail et un logement: une action temporaire et énergique, et également visible, est cruciale pour éteindre les incendies des banlieues, et que tous prennent leur place dans la nation. Par contre, je n'aime pas son patriotisme économique ni ses attaques contre les juges: respect pour la séparation des pouvoirs (inexistante en France).
J'aime bien Bayrou, un modéré centriste, et un Béarnais (comme ma famille), aux propos intelligents, mais dont les chances dans la bataille sont malheureusement modestes.
Voilà, pour l'instant !
Yves Beigbeder 17 nov. 06

2 comments:

Anonymous said...

Extrêmement intéressant. Vous concluez sur Bayrou. Que pensez-vous de la position exprimée sur plusieurs blogs depuis aujourd'hui d'appeler les partisans de DSK à rejoindre Bayrou ? (pas forcément rejoindre l'UDF pour les législatives, mais au moins Bayrou pour la présidentielle ?)

Louis said...

A vrai dire je ne pense pas que les 60% de Ségolène soient absolument purs (comprendre qu'une part mineure de ce pourcentage pouvait très bien être strauss-kahnienne, fabusienne, ou tout simplement indéterminée), en ce sens que beaucoup de militants PS ont parfaitement compris qu'opter pour un candidat technocrate et très compétent (DSK, donc) reviendrait à se tirer une balle dans le pied, tant une campagne présidentielle ne se joue pas réellement sur des questions d'efficacité et de précision, mais sur de larges (si l'on veut être mauvaise langue, on pourra se fendre d'un "vagues", mais l'abstraction du programme politique au profit d'une généralisation plus commode semble difficilement évitable, voire quelque part souhaitable -ce que l'on peut également discuter mais là n'est le problème) orientations et sur la persona de chacun. Les primaires du PS ont saisi (enfin, ce n'était pas dur vu le matraquage de Ségolène) et surtout "objectivé" la tendance de fond qui donnait quoi qu'il arrive Mme Royal comme candidate idéale contre l'ubique Sarkozy.
Le PS (via ses adhérents) s'est donc calqué sur l'opinion publique, histoire de ne pas louper le coche pour 2007, ce que font d'ailleurs idividuellement nos deux têtes de gondole (Ségo/Sarko) depuis quelques temps déjà.
Quant à DSK, je pense qu'il ferait un bon premier ministre, mais reste à voir s'il acceptera de coopérer...